Décès de Michel de Bourbon-Parme

Parachuté sur les Luzettes le 9 juin 1944

Le prince Michel de Bourbon-Parme 

est décédé samedi 7 juillet 2018

Né le 4 mars 1926 à Paris, le prince Michel de Bourbon-Parme a été parachuté à 18 ans sur le terrain des Luzettes, dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, avec le major Thomas Macpherson, faisant partie de l'équipe interalliée Jedburgh de la mission Quinine. Le terrain des Luzettes, répertorié par le BCRA comme étant le terrain Chenier, est situé à cheval entre les communes de Sousceyrac (Lot) et de Saint-Saury (Cantal).
Le prince Michel de Bourbon-Parme est décédé à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le 7 juillet 2018.
Il figurait sur la photo de famille du mariage, le 20 novembre 1947, du prince Philip et de la reine Elizabeth II d'Angleterre, à laquelle il était apparenté.
Vous pouvez retrouver l'histoire de ce parachutage dans Chouette, Noisette et Luzettes, paru en 2014 aux Editions Authrefois.
© Manuel Rispal. Mis en ligne le 11 juillet 2018.

18 janvier 2007-1er juillet 2018- Simone Veil au Panthéon

18 janvier 2007 - Panthéon - Hommage solennel aux Justes de France

Simone Veil est alors descendue dans la crypte où elle repose désormais




Le 18 janvier 2007, invité par le Mémorial de la Shoah et par le Comité français pour Yad Vashem, envoyé spécial pour le journal La Montagne et accrédité pour cette cérémonie par l'Elysée, nous avons été témoin d'une scène annonciatrice de l'entrée au Panthéon, le dimanche 1er juillet 2018, de Simone et Antoine Veil, dans le caveau où se trouve l'inscription en hommage aux Justes de France.
En effet, ce jour-là, après son discours, le président de la République, Jacques Chirac, convie Simone Veil à l'accompagner dans cette crypte. Quatre jeunes adolescents — deux filles et deux garçons — rejoignent ensuite le président Jacques Chirac et Simone Veil devant l'inscription en lettres d'or.
La scène est filmée et retransmise sur des grands écrans que pouvaient voir les invités — le gouvernement Villepin en tête — assis autour du grand cercle des photos de Justes parmi les nations, cercle situé sous le grand dôme du Panthéon. 
La mise en scène avait été confiée à la cinéaste Agnès Varda, qui nous avait contacté car elle était une amie d'Ernest Nives, rescapé du camp nazi de Blechhammer, arrêté à Lespardellières de Saint-Etienne-des-Champs (Puy-de-Dôme), et dont nous avions co-organisé avec l'Onac du Puy-de-Dôme la venue depuis New York à Herment (Puy-de-Dôme) pour l'inauguration d'une stèle en hommage aux Juifs arrêtés dans ce secteur, en janvier 2003. Les écrans avaient auparavant projeté une évocation de la Résistance civile et militaire des Justes, mise en scène par Agnès Varda.
Comme journaliste de la presse écrite, nous aurions dû nous retrouver assis derrière la travée "du gouvernement", sans pouvoir bouger. Mais nous enregistrons en vidéo et en son et nous désirons rester debout pour profiter de ce moment exceptionnel. Peu avant que ne commence la cérémonie, nous interviewons Philippe Labro, dont les parents ont été déclarés Justes parmi les nations pour leur action à Montauban (Tarn-et-Garonne). 
Nous avons retrouvé avec plaisir Robert Mizrahi, assis tout près. Celui-ci a été le représentant du Comité français pour Yad Vashem pour la région de Marseille et aussi pour le Cantal, car lui et son frère ont été sauvés dans ce département, à Aurillac, par deux familles de Justes, Philippe et Yvonne Tête pour Robert, et Antoine et Henriette Laybros pour son frère Edmond Haïm.
Ce jour-là, les invités ont reçu un exemplaire du livre Les Justes de France, édité par le Mémorial de la Shoah et la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont Simone Veil était la présidente et qui en a signé la préface. Le livre était offert par la fondation. Nous y avons modestement participé en fournissant des photos de Justes parmi les nations.
© Texte et photos Manuel Rispal. Mis en ligne le 1er juillet 2018.


Hommage à Louis Antoine Fau, à Ytrac

Le gendarme résistant Louis Antoine Fau
sur le monument aux morts d'Ytrac
(Cantal - Auvergne-Rhône-Alpes - France - Europe)


Depuis la cérémonie du dimanche 6 mai 2018, le nom de Louis Antoine Fau a été rajouté à la liste des cinq victimes de la guerre 1939-1945 du monument aux morts d'Ytrac. Ce gendarme résistant est né en 1912 au moulin de Lacarrière d'Ytrac, où son père était meunier.
Gendarme durant la Seconde Guerre mondiale, Louis Antoine Fau s'engage dans la Résistance dans la commune où il est en poste et où son épouse est institutrice : Saint-Donat-sur-l'Herbasse (Drôme - Auvergne-Rhône-Alpes - France - Europe).
Dans cette commune se cache le couple Andrieux (en fait Louis Aragon et Elsa Triolet), aidé par des résistants locaux et un chef de la Résistance, le commandant Azur (Gaston Vincent).
En revenant d'une mission effectuée pour la Résistance, mais en civil, Louis Antoine Fau est arrêté par l'armée allemande, le 15 juin 1944. Il dit être ouvrier agricole mais son vélo porte une plaque "gendarmerie". Pour l'armée allemande, se trouver face à un résistant ayant une formation militaire était intolérable. Louis Antoine Fau est arrêté, interné au fort de Montluc à Lyon (Rhône, Auvergne-Rhône-Alpes - France - Europe), torturé, puis fusillé avec 32 autres otages à Portes-lès-Valence (Drôme), le 8 juillet 1944. Il s'agissait de terroriser la population, le jour-même où l'armée allemande lançait son offensive contre le rassemblement du Vercors.
L'histoire de Louis Antoine Fau a fait l'objet de l'édition d'une plaquette de huit pages, écrite par Jean-Louis Schaff et Manuel Rispal, éditée par les Editions Authrefois, et offerte gratuitement par le centre socioculturel d'Ytrac "A la croisée des Autres".



     Monument aux morts d'Ytrac. Dimanche 6 mai 2018. Cérémonie en hommage au gendarme     résistant Louis-Antoine Fau. Isabelle Sima, préfet du Cantal, et Roland Cornet, maire d'Ytrac, viennent de dévoiler la plaque où figure, pour la première fois, le nom de Louis Antoine Fau, parmi les six victimes durant la Seconde Guerre mondiale issues de la commune d'Ytrac. La partie musicale de la cérémonie était assurée par la Ganelette de Maurs.
© photo Manuel Rispal.


Monument aux morts d'Ytrac. Dimanche 6 mai 2018. Cérémonie en hommage au gendarme résistant Louis-Antoine Fau. De gauche à droite : Jean-Louis Schaff, à l'origine de cette initiative ; Isabelle Sima, préfet du Cantal ; le capitaine Jérôme Tabaries, commandant la compagnie de gendarmerie d'Aurillac (Cantal) ; Roland Cornet, maire d'Ytrac, qui porte le portrait de Louis-Antoine Fau ; le major Frédéric Dedet, commandant la brigade motorisée de gendarmerie (BMO) d'Ytrac ; Sylvie Lachaize, première vice-présidente du Conseil départemental du Cantal ; et Manuel Rispal. 
© photo Bernadette Ginez.








© Manuel Rispal - Éditions Authrefois. Mis en ligne les 7 et 8 mai 2018.

Un Stolperstein pour Neus Català, 102 ans

25 janvier 2018

Els Guiamets (Catalogne, Espagne, Europe)

Un Stolperstein pour Neus Català, 102 ans


Il y a 102 ans, le 6 octobre 1915, Neus Català i Pallejà naît au 3, carrer Nou (rue Neuve) de la commune catalane Els Guiamets, située à 37 km à l’ouest de Reus, province de Tarragone, généralité de Barcelone, Espagne, Europe. On entre dans cette modeste maison par une petite porte en bois dont le haut, vitré, est protégé par une grille en fer forgé.

Jeudi 25 janvier, à 11 heures, un petit cortège s’avance lentement. À sa tête, Neus Català, conduite en chaise roulante, est heureuse de retrouver la rue de son enfance, mais aussi de rencontrer l’artiste allemand Gunter Demnig, né en 1947, connu pour avoir honoré les victimes de la persécution nazie par la pose de plus de 61.000 Stolpersteine dans au moins 21 pays d’Europe.


Gunter présente à Neus son Stolperstein. Sur la face qui restera visible d’un pavé de laiton rutilant est inscrite la mention :
« Aqui visqué Neus Català Pallejà – Nascuda 1915 – Deportada 1944 – Ravensbrück – Alliberada » (« Ici vécut Neus Català Pallejà, née en 1915, déportée en 1944, Ravensbrück, libérée ».



Neus Català est photographiée avec l’artiste qui montre la face gravée de son Stolperstein : « C’est un honneur de mettre une pierre à Neus Català, car il y a peu de pierres qui peuvent être posées pour des personnes encore en vie ».


L’artiste allemand met en place son petit chantier. Dans un trou carré du dallage de la rue, qu’il remplit d’une petite truelle de mortier, il pose son œuvre, l’enfonce avec un petit marteau de carreleur, puis il scelle le pourtour. Il est filmé, photographié et, conformément à la tradition, il est le seul à travailler quand 50 personnes le regardent.
La pierre dépasse légèrement du niveau du sol. Littéralement, Stolperstein veut dire «  pierre à trébucher ». La pierre de Neus est la quarante-et-unième posée en Espagne par l’artiste allemand. La plupart rendent hommage à des Républicains espagnols réfugiés en France, engagée dans l’armée française, faits prisonniers de guerre par l’armée allemande et transformée en déportés politiques au camp de concentration de Mauthausen (Autriche), contrairement à la convention de Genève.
Margarita Català, fille de Neus, a pris la parole en ces termes : « La réalité actuelle, dans de nombreux pays d’Europe où la xénophobie et l’extrême droite lèvent la tête, montre le grand besoin de la mémoire ».
Miquel Perelló, maire d’Els Guiamets, a également pris la parole pour féliciter Neus Català et Gunter Demnig. La chanteuse Marina Rossell a interprété sa chanson « L’emigrant » en l’honneur de Neus.

© Manuel Rispal, 28 janvier 2018.
© Photos Margarita Català, 25 janvier 2018.

                                                               ***
Le 9 février 2007, alors que nous étions journaliste à La Montagne – Centre France, nous avions écrit un petit article sur Neus, qui venait d’être élue Catalane de l’année 2006.

Née en 1915, Neus Català a été élue, samedi dernier [5 février 2007], à Barcelone, « Catalane de l’année 2006 par un jury de lecteurs du journal « El Periodico » et de téléspectateurs de la chaîne TV3.
Engagée politiquement avant et pendant la guerre d’Espagne, Neus Catala a fait partie de ces milliers de réfugiés espagnols arrivés en France après la chute de la République. Elle ne tarda pas à reprendre la lutte en Dordogne où elle a connu son mari, Albert Roger.
Elle a eu comme mission d’assurer la liaison avec des résistants et des maquis, notamment en Corrèze. Elle a raconté son histoire dans "La Résistance et de la Déportation (50 témoignages de femmes espagnoles", paru en 1995. Les rendez-vous avec son contact s’effectuaient devant le théâtre de Brive, avec la tactique des amoureux. Le couple s’asseyait à une table de restaurant et, pendant qu’ils discutaient, ils se passaient les messages sous la table. À charge, pour l’agent de liaison, de parcourir des dizaines de kilomètres à pied, à bicyclette ou en autobus.
Elle a également séjourné dans l’exploitation agricole tenue par les Rodriguez, à Saint-Mexant, près de Tulle. Mais, avec son mari, elle a été arrêtée, en novembre 1943, internée à Périgueux, puis, durant deux mois, à Limoges. C’est sous son nom de femme mariée, Neige Roger, qu’elle a été déportée à Ravensbrück où elle est arrivée, le 3 février 1944, par moins 22 degrés. Elle y a connu Geneviève de Gaulle (qui a préfacé le recueil de témoignages), avec laquelle elle a noué amitié au camp de concentration.
Transférée ensuite au Kommando d’Holleischen (en actuelle Tchéquie), elle a eu le même parcours que beaucoup de déportées auvergnates. Parmi elles, la Riomoise Madeleine Moreau-Tourette. « Je me souviens très bien de Neige. Nous restions en groupe par région pour nous soutenir ».

MANUEL RISPAL
La Montagne Centre France du 9 février 2007


Madeleine Moreau-Tourette est récemment décédée. Parmi les 12 Espagnoles déportées faisant partie du même convoi, seule Sabine Gonzales, née en 1918, a été transférée comme Neus au Kommando d’Holleischen.
© Manuel Rispal, 28 janvier 2018.