8 Mai-1945-2021-Cérémonie d'Arpajon-sur-Cère (Cantal)

Hommage à l'action des résistants arpajonnais, le 11 novembre 1943, lors de la cérémonie d'Arpajon-sur-Cère (Cantal - Auvergne-Rhône-Alpes - France - Europe - planète Terre)



A l'invitation de la mairie d'Arpajon-sur-Cère, dirigée par Isabelle Lantuéjoul, et de la famille de Roger Brunhes, résistant qui habitait alors dans cette commune, nous avons été amené à évoquer, à l'issue de la cérémonie officielle du 8-Mai, l'action d'une poignée d'Arpajonnais, rendant alors hommage aux Poilus de 1914-1918.

Voici le texte que nous avons lu.


Hommage aux morts de toutes les guerres et aux épris de Liberté

 

Nous voici rassemblés devant le monument aux morts d’Arpajon-sur-Cère, qui honore la mémoire de 122 hommes nés dans cette commune, et/ou habitant et/ou y ayant des attaches familiales.

C’est également un monument historique chargé de symboles et plein de vie, de vie humaine, de vies humaines.

Nous nous permettons d’attirer votre attention sur les deux noms de Louis Laronde et de Fernand Noual.

 

Le 11 novembre 1943, Louis Laronde avait 20 ans et Fernand Noual 33 ans. Ces deux noms sont aujourd’hui gravés dans le marbre de ce beau monument, au titre de la Seconde Guerre mondiale.

Peu avant le 11 novembre 1943, une poignée d’Arpajonnais ne supportaient pas qu’Hitler ait dissous l’armée française en 1940, laquelle avait défait l’armée allemande en 1918. 

Un an auparavant, l’armée allemande avait envahi la zone Sud, faisant pénétrer des soldats étrangers dans nos villes et nos campagnes. Hitler avait même fait déporter des dizaines de milliers d’hommes et de femmes depuis Compiègne, non loin de la clairière de Rethondes, où avait été signé l’armistice du 11 novembre 1918.

Pour Hitler et l’armée allemande, la commémoration des morts pour la France, le 11 novembre, était intolérable et donc interdite.

C’était sans compter sur l’esprit patriotique d’Arpajonnais, organisés au sein d’une trentaine de l’Armée secrète de la Résistance, dont le responsable était gardien de prison à Aurillac et habitait Mérigot d’Arpajon.

Parmi ces Arpajonnais figuraient Pierre Rouchet, Fernand Noual, Jean Valent, Louis Laronde et Roger Brunhes, né en 1922. Ce dernier nous a raconté la répartition des rôles. Pierre Rouchet fabrique une croix de Lorraine en bois, symbole de la France libre que les patriotes résistants français appelaient de leurs vœux. Il découpe également un écusson en bois et un petit panneau. Peintre de métier, Fernand Noual se charge de peindre la croix de Lorraine aux couleurs du drapeau français, et d’écrire sur l’écusson et le panneau. Les autres sortent de leurs caches un drapeau français (qui est orné d’une croix de Lorraine), un anglais, un américain et un soviétique, symboles des Alliés qui aidaient la France libre et les résistants de l’intérieur à retrouver l’honneur de la France.

L’opération clandestine de commémoration de l’armistice de 1918 a lieu dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 novembre 1943. 

Le lendemain matin, des Arpajonnais sont surpris de découvrir leur monument aux morts orné de drapeaux français, américain, anglais et russe, et d’une énorme croix de Lorraine. En s’approchant de plus près, ils peuvent lire sur l’écusson : « La Résistance d’Arpajon-sur-Cère à ceux qui sont tombés et qui tombent pour la France et la Liberté ». 

Et, encore plus près, un avertissement au pied du monument : « Attention, ne pas toucher aux étendards. Danger ».

Les résistants arpajonnais ont mis un point d’honneur à faire tenir le drapeau français par le Poilu en pierre.

On imagine la colère des représentants de l’armée allemande occupant le Cantal. Quel affront !

Auquel des auteurs de cette initiative patriotique n’a été arrêté.

Durant le printemps suivant, certains de ces jeunes résistants ont rejoint le Mont-Mouchet, pour y combattre l’armée allemande, en juin 1944. Roger Brunhes et Jean Valent ont ainsi rejoint, par le train, la 5e Cie du Mont-Mouchet.

En se rendant à un point de rassemblement à La Joyeuse de Prunet, Fernand Noual et Auguste Bastide sont pris par un détachement allemand et fusillés, le 6 juin 1944.

Plus tard, Louis Laronde s’engage pour la durée de la guerre et participe à la libération de l’Alsace et à l’occupation de l’Allemagne. Le 1er mai 1945, une semaine avant la capitulation de l’Allemagne nazie, Louis Laronde est tué à Mennisweiler, près du lac de Constance, en Allemagne.

Après la publication du témoignage de Roger Brunhes, en 2014, nous avons eu le plaisir de le voir assister à une conférence que nous avons donnée au foyer rural de Senilhes (invité par Henri Pons), en 2015, en présence de membres de la famille de Roger Brunhes.

Nous avons évoqué cet épisode dans notre livre "Chouette, Noisette et Luzettes", paru en 2014 aux Editions Authrefois, page 47. Le témoignage de Roger Brunhes sur sa montée et sa présence au Mont-Mouchet est en page 83.

Manuel Rispal. 8 mai 2021.

Copyright Manuel Rispal. Mis en ligne le 9 mai 2021, modifié le 11 mai 2021.