L’ancien résistant, général et historien Gilles Lévy est décédé le 18 avril 2021

L’ancien résistant, général et historien Gilles Lévy est décédé le 18 avril 2021.


Pour le soixantième anniversaire des combats du Mont-Mouchet, le 19 juin 2004, Gilles Lévy accueille la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Gilles Lévy est au premier rang, à droite sur la photo. Le maire d'Auvers était alors Gabriel Boisserie. Copyright : Manuel Rispal.

La dernière fois que nous avons rencontré Gilles Lévy, c’est au Mont-Mouchet (commune d’Auvers, Haute-Loire), le 6 juillet 2014, lors de la visite présidentielle de François Hollande. Et la première fois, c’est dans la maison de famille de son épouse, à Pleaux (Cantal), quatorze ans plus tôt. 

Bien qu’il soit une légende de la Résistance auvergnate, il est resté d’un abord toujours cordial et nous a manifesté des marques de sympathie et d’encouragements dans nos recherches.

Président d’honneur du Codura (Comité d’union de la Résistance d’Auvergne R6), le général Gilles Lévy est décédé le 18 avril 2021, à l'âge de 96 ans. Il résidait à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la Résistance auvergnate.

A nous, Auvergne !, par Gilles Lévy et Francis Cordet, 1974, Presses de la Cité.

Drames et secrets de la Résistance, des ombres enfin dissipées, par Gilles Lévy, 1984, Presses de la Cité.

Guide des Maquis et Hauts-lieux de la Résistance d’Auvergne, par Gilles Lévy, 1986, Presses de la Cité.

L’Auvergne des années noires, par Gilles Lévy, 2000, De Borée.

Il a également signé de nombreux articles publiés sur le site lesamitiesdelaresistance.fr.

Quelques-uns des ouvrages écrits par Gilles Lévy. Copyright : Manuel Rispal.

Copyright : Manuel Rispal. Mis en ligne le 22 avril 2021.

Où trouver les livres des Editions Authrefois à Billom (Puy-de-Dôme)

Où trouver les livres des Editions Authrefois à Billom (Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes, France, Europe, planète Terre) ?



Tout un Monde au Mont-Mouchet 1940-1945 - Epopée et histoires humaines. 2e édition revue et augmentée (132 pages) vient de paraître (20 novembre 2021). Il est en vente à la librairie Il Etait une fois de Billom depuis le 20 novembre 2021. Les libraires Morgane Merle-Bargoin et Cyril Bargoin soutiennent notre maison d'édition depuis son origine en novembre 2013.

Vous pouvez trouver les livres des Editions Authrefois à Billom à la librairie Il était une fois, 23, rue Carnot, 63160 Billom. Tél : 04.73.68.34.98.

Mail : contact@librairie-iletaitunefois.fr

Les livres suivants des Editions Authrefois y sont disponibles :

Tout un Monde au Mont-Mouchet 1940-1945 - Epopée et histoires humaines. 2e édition revue et augmentée (132 pages). Prix TTC : 18 €. Par Manuel Rispal. 

ISBN : 978-2-9547205-8-6. 

Le Barrage SEC Saint-Etienne-Cantalès - Saint-Gérons sur la Cère (Cantal) 1930-1946, tome 1 De la construction à l'inauguration par le général de Gaulle et le sultan du Maroc ; 2e édition revue et corrigée. Prix TTC : 16 €. 132 pages. Par Manuel Rispal.

ISBN : 978-2-9547205-6-2 


La Libération désirée tome 2 Massif central. 
Par Manuel Rispal. 
Prix TTC : 15 €. 148 pages. 

ISBN : 978-2-9547205-4-8


Chouette, Noisette et Luzettes tome 1 1940-Juin 1944. Par Manuel Rispal. Prix TTC : 12 €. 116 pages.

ISBN : 978-2-9547205-3-1



Billom 1941-1943Par Manuel Rispal. Prix TTC : 10 €. 100 pages. 

ISBN : 978-2-9547205-0-0



Mis en ligne le 21 avril 2021, modifié les 14 juin et 21 novembre 2021. 

13 avril 2021 : Ouverture de Cant'as Lu, nouvelle librairie à Aurillac

Ouverture d'une nouvelle librairie à Aurillac



Mardi 13 avril 2021, Jean-Louis W. Mauré, éditeur des Editions Eivlys, ouvre une librairie, au 13, rue des Forgerons, dans le centre-ville d'Aurillac.

Les livres des Editions Authrefois y sont présentés, avec ceux d'autres éditeurs et auteurs locaux.

Les horaires d'ouverture sont les suivants : 

mardi : de 14 h 30 à 18 h 45

mercredi, jeudi, vendredi, samedi : de 10 heures à 12 heures ( sauf samedi à partir de 9h00) - et de 14 h 30 à 18 h 45.

Les titres édités par les Editions Authrefois :

Le Barrage SEC Saint-Étienne-Cantalès – Saint-Gérons sur la Cère (Cantal) 1930-1946

Tome 1. – De la construction à l’inauguration par le général de Gaulle et le sultan du Maroc

par Manuel Rispal, historien de terrain

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La Libération désirée tome 2 Massif central 1940 - printemps 1945. 

Tome 2 Massif central   1940 - printemps 1945

par Manuel Rispal, historien de terrain


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Chouette, Noisette et Luzettes. Scènes de Résistance en Châtaigneraie cantalienne, en Ségala lotois et dans le bassin d'Aurillac. Tome 1 - 1940-juin 1944

par Manuel Rispal, historien de terrain

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Tout un Monde au Mont-Mouchet 1940-1945

par Manuel Rispal, historien de terrain

  Ce livre est épuisé. Une nouvelle édition, revue et augmentée, doit paraître prochainement, avec un nouvel ISBN.  

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Billom 1941-1943

par Manuel Rispal, historien de terrain

© Manuel Rispal. Mis en ligne le 12 avril 2021.

Notre site livres-resistance.fr est touché indirectement par l'incendie OVH à Strasbourg du 10 mars 2021

16 mars 2021. Notre site livres-resistance.fr est encore touché indirectement par l'incendie OVH à Strasbourg du 10 mars 2021

Notre site livres-resistance.fr est hébergé par net15.fr, qui a besoin pour fonctionner du service d'un datacenter, installé chez la société OVH à Strasbourg.

Le 10 mars 2021, un incendie s'est déclaré dans une partie des salles de machines contenant les systèmes de sauvegarde utiles à de nombreuses sociétés, administrations et bibliothèques, ainsi qu'à des plates-formes de commande en ligne, comme cyber-scribe.fr, amazon marketplace et fnac marketplace.

Par voie de conséquence, notre site livres-resistance.fr est accessible mais ne fonctionne pas correctement, et notre boutique en ligne boutique.livres-resistance.fr est inaccessible

Par contre, depuis lundi 15 mars 2021, la possibilité de commandes de nos livres par cyber-scribe.fr, amazon.fr (amazon marketplace) et fnac.fr (fnac marketplace) est rétablie.

Grâce à notre site http://resistance-auvergne.blogspot.com, vous pouvez commander nos livres après avoir feuilleté les pages qui leur sont consacrées. Nous sommes en mesure d'assurer la réponse à toute commande de livres par courrier postal : Editions Authrefois. 3, Laslaudie. 15130 Ytrac, avec le chèque correspondant, ou par mail : manuelrispal@gmail.com, après la réception par courrier postal du chèque correspondant. 

Rappelons que les frais de port sont de 0,01 €, à rajouter au montant des livres commandés. 

Nous nous excusons pour le désagrément de l'impossibilité de consulter notre site livres-resistance.fr, ni de pouvoir commander par notre boutique en ligne boutique.livres-resistance.fr et nous vous remercions d'utiliser http://resistance-auvergne.blogspot.com.


Manuel Rispal. Editions Authrefois. Portable  : 06 71 34 40 99.

Mis en ligne le 12 mars 2021 à 18 h 50. Mis à jour le 16 mars 2021 à 18 h 31, modifié le 20 mai 2021.






Le déporté-résistant Serge Wourgaft a cent deux ans

➽ 31 août 2019

Serge Wourgaft a cent deux ans


Le résistant et déporté Serge Wourgaft, né le 31 août 1917 à Odessa (Ukraine), a eu cent deux ans, samedi 31 août 2019.
Nous l'avons interviewé en 2016 car c'est le dernier survivant de la rafle du château Saint-Lambert, à Marvejols (Lozère), le 30 août 1943 (la veille de l'anniversaire de ses 26 ans), dans la propriété d'Olivier de Framond. Serge Wourgaft échappe à cette rafle et il est arrêté, le 31 octobre 1943, à Florac (Lozère), avec Marceau Farelle.
Déporté vers le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne), le 31 juillet 1944, il en est libéré, le 11 avril 1945.
Les circonstances des arrestations du château Saint-Lambert sont racontées dans le livre La Libération désirée tome 2 Massif central* (pages 18 à 29) et le témoignage de Serge Wourgaft se trouve aux pages 28 et 29.
* Aux Editions Authrefois, 148 pages, 15 €.
Points de vente.
Bon de commande.
© Manuel Rispal. Modifié le 1er septembre 2019.

Lundi 27 mai 2019. – Inauguration du square des Justes (parmi les Nations) à Aurillac

Lundi 27 mai 2019
Inauguration du square des Justes (parmi les Nations) 
à Aurillac (Cantal, Auvergne-Rhône-Alpes, France, Europe, planète Terre)


15 septembre 2008. – Dans les allées du mémorial Yad Vashem de Jérusalem (Israël, planète Terre), nous avons photographié le caroubier planté par Alice Ferrières, première femme Juste parmi les Nations. Au pied de cet arbre, nous avons téléphoné par portable à Marthe Cambou-Barnet, alors la seule survivante du groupe des trois femmes Justes parmi les Nations issues de Murat (Cantal, Auvergne-Rhône-Alpes, France, Europe, planète Terre). 
© Photomontage Manuel Rispal.


Isabelle Sima, préfète du Cantal, Pierre Mathonier, maire d’Aurillac (Cantal, Auvergne-Rhône-Alpes, France, Europe, planète Terre), et Simon Massbaum, délégué régional du Comité français pour Yad Vashem, ont inauguré, lundi 27 mai 2019, à 9 heures, le square des Justes, à côté de l’église Saint-Géraud, à Aurillac. Ce square s’appelait auparavant square de Vic.
Voir le reportage photographique de la cérémonie sur notre site plusieurs photos et textes) : 

https://www.livres-resistance.fr/article_27_1_27-mai-2019------le-square-des-justes-parmi-les-nations-est-inaugure-a-aurillac-suite-4-_fr.html

https://www.livres-resistance.fr/article_28_1_27-mai-2019------le-square-des-justes-parmi-les-nations-est-inaugure-a-aurillac-suite-3-_fr.html

https://www.livres-resistance.fr/article_29_1_27-mai-2019------le-square-des-justes-parmi-les-nations-est-inaugure-a-aurillac-suite-2-_fr.html

https://www.livres-resistance.fr/article_26_1_27-mai-2019------le-square-des-justes-parmi-les-nations-est-inaugure-a-aurillac-suite-1-_fr.html

https://www.livres-resistance.fr/article_25_1_27-mai-2019------le-square-des-justes-parmi-les-nations-est-inaugure-a-aurillac-_fr.html

Par cette initiative, la municipalité d’Aurillac et le Comité français pour Yad Vashem ont mis en lumière l’action de tous les Justes parmi les Nations, qui ont sauvé des Juifs par milliers, dans le monde entier, en tout désintéressement et le plus souvent au péril de leur vie. C’est aussi l’occasion de faire connaître aux Auvergnats et aux Cantaliens, jeunes qui n’ont pas connu cette époque, et plus anciens qui ont encore les frissons dus à la barbarie nazie, que des femmes et des hommes, originaires du Cantal ou d’autres terres, guidés par leur respect de l’être humain, ont porté secours à des personnes qui avaient été chassées de leur région (Alsace, Lorraine, Provence, etc.) ou de leur pays (Belgique, Allemagne, Autriche, ancien Empire austro-hongrois, Salonique, etc.), qui étaient persécutées, et/ou qui étaient précédemment maintenues en détention dans les camps d’internement du Sud de la France (antichambres de Drancy et des camps d’extermination).
Il faut rappeler que la médaille de Juste parmi les Nations, la plus haute distinction civile décernée par l’État d’Israël, a été créée en 1963. Cela veut dire que ceux qui œuvraient, durant la Seconde Guerre mondiale, pour sauver des Juifs, ne savaient qu’ils auraient éventuellement, un jour, une médaille ou une reconnaissance. Cela entraîne un certain profil commun à la plupart des Justes : la modestie de leur geste, normal pour eux.
La première femme déclarée Juste parmi les Nations en France a été, en 1964, Alice Ferrières (1909-1988). Son action s’est exercée à Murat (Cantal). Elle a été exceptionnelle, par l’ampleur du nombre de Juifs qu’elle a sauvés et de son organisation de placement des enfants juifs dans les familles. Voir sa biographie sur le site du Comité français pour Yad Vashem : https://yadvashem-france.org/les-justes-parmi-les-nations/les-justes-de-france/
A Murat, elle a été aidée par Marie Sagnier (1898-1996) et par Marthe Cambou (1919-2018), devenue Barnet après la guerre, par son mariage. Voir https://www.livres-resistance.fr/article_8_1_ces-justes-nous-ont-quittes--nous-ne-les-oublions-pas-_fr.html .
Avec Marthe Cambou-Barnet, nous avons enquêté à Murat et aux alentours sur les traces de son passé. Elle nous a invité à la remise de « sa » médaille de Juste parmi les Nations, à Paris, où elle était entourée de sa famille et d’une partie des Juifs qui avaient témoigné en sa faveur. Son père, Joseph Cambou, était directeur de l’école élémentaire d’application d’Aurillac, situé non loin du square des Justes parmi les Nations qui va être inauguré ce lundi.
Le sauvetage en masse d’enfants juifs a pu être réalisé grâce, d’abord, à des organisations juives ou à des médecins, infirmières, assistantes sociales, juifs ou non juifs, qui ont pu pénétrer dans les camps d’internement du Sud de la France, comme Gurs (Pyrénées-Atlantiques, Nouvelle Aquitaine), Rivesaltes (Pyrénées-Orientales, Occitanie) ou Agde (Hérault, Occitanie). Le docteur Issac Malkin a œuvré au camp juif de Rivesaltes, permettant ensuite à sa femme, Henriette, d’accueillir des enfants et adolescents juifs au Touring Hôtel à Vic-sur-Cère (Cantal), grâce à une structure œcuménique, l’Amitié chrétienne, et par une structure humanitaire juive, l’Œuvre de secours aux enfants (OSE). À un moment de son histoire, l’OSE a eu son siège national à Vic-sur-Cère, mais cela n’a pas duré.
Protestante comme Alice Ferrières, Suzanne Jacquet, épouse de Michel Vincent après la guerre, a pris la suite d’Henriette Malkin à Vic-sur-Cère. Les deux directrices ont pu compter sur l’efficacité de Roger Bonhoure qui a été reconnu Juste parmi les Nations pour avoir fabriqué, comme employé à la mairie de Vic-sur-Cère, une profusion de vraies-fausses cartes d’identité, avant de poursuivre une carrière professionnelle de secrétaire de mairie réalisant de vrais papiers. Hélène Turner, plus tard Lentschener, a bénéficié d’une vraie-fausse carte d’identité. Nous avons même retrouvé une femme dont le mari l’appelait, dans l’intimité, du prénom que lui avait donné, en vraie-fausse carte, Roger Bonhoure. Ce dernier nous a invité à « sa » cérémonie de remise de médaille de Justes parmi les Nations, à Vic-sur-Cère, le 18 juillet 2004.
Nous n’oublions pas les cadres des Éclaireurs israélites de France (appellation de l’époque), ceux de la Sixième, qui sillonnaient la France en culottes courtes, de Moissac (Tarn-et-Garonne, Occitanie) à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes), pour passer les contrôles routiers en se faisant passer pour plus jeunes qu’ils n’étaient, et pour veiller aux conditions d’hébergement des enfants placés. Raymond Winter et Marcel Gradwohl en faisaient partie. Avec Roger Gradwohl et Edgar Lévy, ils ont été fusillés par les nazis, le 14 juin 1944, au pont de Soubizergues, commune de Saint-Georges (Cantal), près de Saint-Flour.
Marie-Antoinette Liechty, que nous avons connue et qui a reçu, de son vivant, le titre de « Gardienne de la vie », était assistante sociale, en lien avec Mgr Gabriel Piguet, évêque de Clermont, le seul évêque français déporté (à Dachau, Allemagne), Juste parmi les Nations. Elle aussi devait veiller aux conditions d’hébergement des enfants placés, dans toute l’Auvergne, et notamment à Murat et dans les environs. Elle prenait le train pour se rapprocher des centres de protection des enfants, et emmenait son vélo pour circuler alentour.
Un autre prélat a eu un rôle important dans le sauvetage des Juifs : Mgr Jules Géraud Saliège, né à Mauriac (Cantal), archevêque de Toulouse. Par son homélie ripostant à la persécution des Juifs par l’Etat français (« Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n'est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain »), il a mobilisé les bonnes volontés de la communauté catholique dans le sens humanitaire, alors que la propagande de l’État français et des nazis visait à isoler du reste de la population les Juifs, les Tziganes, les francs-maçons, les Témoins de Jéhovah, les étrangers et les patriotes.
Dans la liste des Justes parmi les Nations identifiés pour le Cantal, on retrouve ainsi des religieuses : Jeanne Dessaigne, Philomène Rolland, pour leurs actions à Allanche, Marie-Alice Vidal, pour son action à Pierrefort.
Non loin du Cantal, à Notre-Dame de Massip (Capdenac-Gare, Aveyron, Occitanie), la religieuse Denise Bergon a secouru de très nombreux enfants, en lien avec Mgr Saliège. Parmi ceux-ci notre ami Albert Seifer, ancien délégué régional Midi-Pyrénées du Comité français pour Yad Vashem.
Au sein de l’administration de l’État français, il n’était pas facile d’obéir aux ordres et à l’observation des lois scélérates (notamment les lois antijuives ou antimaçonniques) et d’agir dans un but humanitaire, digne et humain, sans se démasquer ni se faire dénoncer.
D’où le mérite d’Henri Weisbecker, commissaire de police d’Aurillac-Arpajon-sur-Cère, Juste parmi les Nations. Nous lui avons consacré une page, le 25 mars 2012, dans La Montagne, édition Cantal (https://yadvashem-france.org/medias/documents/Article de presse 1-Weisbecker.pdf), et deux pages dans La Libération désirée tome 2 Massif central (Éditions Authrefois, ( https://www.livres-resistance.fr/article_2_1_la-liberation-desiree_fr.html ). Il a confectionné des vraies-fausses cartes d'identité pour des Juifs, des résistants, des réfugiés, avec un tampon du commissariat dont il avait déclaré la perte. Il tenait secrètement un carnet où il notait les noms réels des personnes auxquelles il avait délivré ces vraies-fausses cartes, avec les noms de fausse identité, afin de leur réclamer la restitution après la Libération. Il a organisé, au sein du commissariat, un groupe de policiers résistants qui, en cas de rafles dont ils avaient connaissance des préparatifs ou des signes avant-coureurs, frappaient aux portes des Juifs qui risquaient une arrestation lourde de conséquences, pour leur dire de partir se cacher. Mais ces policiers (aidés aussi de résistants non policiers) ne laissaient pas leur carte de visite. D’où un vivier de Justes parmi les Nations potentiels. Nous avons eu le plaisir d’assister, à Nancy (Meurthe-et-Moselle, Grand Est), à la cérémonie de remise de la médaille des Justes parmi les Nations, à titre posthume, à Henri Weisbecker, invité par une de ses belles-filles, Yvette Weisbecker, qui a été elle-même sauvée par des Justes parmi les Nations..
Abel Enjalbert, secrétaire du commissaire Weisbecker, a lui aussi été reconnu Juste parmi les Nations, de même que Jeanne Lavialle, chef du « bureau des étrangers et des israélites » à la préfecture du Cantal. Nous avons assisté à la cérémonie au cours de laquelle Abel Enjalbert a été fait chevalier dans l’ordre national du Mérite, le 2 septembre 2006, aux Bacs de Montmeyre, commune de Ceyssat (Puy-de-Dôme), au pied du puy de Dôme, en présence de Laurent Rauzier, responsable du mouvement national de Résistance «  Les Ardents », auquel avait appartenu Abel Enjalbert. Avec Laurent Rauzier, nous avons assisté à ses obsèques en Dordogne, le 30 novembre 2006.
Révoqué par l’État français, le juge Alfred Chardon a, à Molompize et Vézac (Cantal), secouru Françoise Cahen et sa mère, qui ont été d’abord aidées par le couple Eugène et Florine Canal, et leur fille Denise, devenue plus tard épouse Varennes. Nous étions présent à la cérémonie dédiée, en mairie d’Aurillac, le 20 juin 2007.
Dans le cadre d’une opération humanitaire destinée à venir en aide aux petits réfugiés de Marseille (Bouches-du-Rhône, Provence-Alpes-Côte-d’Azur), après la destruction des vieux quartiers du vieux port de Marseille, en janvier 1943, et en raison de la famine qui y sévissait, les jeunes Edmond et Robert Mizrahi ont été accueillis à Aurillac, Edmond chez Henriette et Antoine Laybros, Robert chez Yvonne et Philippe Tête. Chacun a témoigné pour que ces deux couples soient reconnus Justes parmi les Nations. Robert Mizrahi, délégué régional du Comité français pour Yad Vashem, a longtemps mis un point d’honneur à couvrir le Cantal en plus de sa vaste zone d’attribution, par reconnaissance éternelle pour son sauvetage et celui de son frère dans ce département.
Dans un article publié dans La Montagne, édition Cantal, le 11 octobre 2012 (https://www.lamontagne.fr/siran-15150/actualites/nee-a-la-havane-cette-femme-a-protege-des-juifs-a-siran-et-a-ete-honoree-a-malakoff_1292158/ ), nous avons rendu hommage à Amparo Pappo, qui a œuvré à Siran (Cantal).
D’autres Justes parmi les Nations ont été reconnus pour le Cantal. N’ayant pas enquêté sur leurs actions ni eu d’éléments nouveaux par nos recherches, nous nous contentons de les citer : Andrée et Jean-Louis Boissières, ainsi que Blanche et Laurent Danguiral, pour Boisset (Cantal). Le romancier Michel Danguiral leur a rendu hommage dans son livre « Rescapé », édition Scribe d’Opale, 2018.
Pierre Delbos, à Ayrens, a conjugué le bon sens et la fraternité paysans pour sauver quatre personnes.
À Massiac, trois personnes (Paul et Jean-Michel Dousselin, ainsi qu’Antoinette Nicolas) ont aidé des Juifs, avec l’appui de gendarmes et de secrétaires de mairie.

Après avoir enquêté sur ces actions de sauvetage, dialogué avec ces Justes, leurs familles, et les personnes sauvées, nous retenons quelques leçons de vie.
Certains étaient résistants, mais la force de la résistance civile qu’ont manifestée ces Justes parmi les Nations est loin d’être négligeable. Elle permet, aujourd’hui, aux jeunes générations, de croire en un avenir meilleur et de montrer que le respect de l’autre, de l’être humain, différent, étranger, ne parlant pas leur langue, est impératif dans la douceur, le courage et la fermeté. Et sans se faire bercer par les sirènes de l’exclusion.
Les Justes parmi les Nations n’ont pas créé les mouvements humanitaires, mais même individuellement, sans forcément de lien les uns avec les autres, ils ont illustré que l’on pouvait venir en aide, même en prenant des risques, risques d’être emprisonné, déporté ou fusillé. Mais lorsque ces acteurs coordonnaient leurs actions – alors que le titre de Juste parmi les Nations n’existait pas, rappelons-le –, ils étaient plus efficaces. L’action des Justes parmi les Nations s’inscrit dans la logique de la création des ONG, qui apparaissent dans la charte des Nations Unies en 1945.
Dans le cas du sauvetage des enfants juifs du Touring Hôtel, le rôle de la Résistance aurillacoise, et notamment du service de renseignement des Mouvements unis de la Résistance (SR-MUR, dont le noyau était à la préfecture d’Aurillac) a été essentiel pour alerter la directrice, Suzanne Jacquet, des risques de rafles.
 Manuel Rispal.
© Manuel Rispal. Mis en ligne le 25 mai 2019, modifié le 27 mai 2019.

Agnès Varda et les Justes parmi les Nations

Agnès Varda et les Justes parmi les Nations au Panthéon



Au début de l’année 2006, Agnès Varda nous appelle pour évoquer un ami commun, Ernest Nives, raflé fin août 1942 à Lespardellière de Saint-Etienne-des-Champs (Puy-de-Dôme, Auvergne-Rhône-Alpes, France, Europe), et rescapé du camp de concentration de Blechhammer (alors en Allemagne, maintenant en Pologne), dont la mère, raflée avec lui, n’est pas revenue d’Auschwitz (Pologne). Ernest Nives avait créé et financé, en France, une exposition sur l’antisémitisme du Moyen Âge à nos jours. Agnès Varda faisait partie du comité d’honneur qui soutenait cette initiative, tout comme Peter Brook et Anne Sinclair. Aux Etats-Unis, Ernest Nives était expert-comptable spécialisé dans la production cinématographique.
Avec Anne-Marie Coffi, alors assistante mémoire de l’Office national des Anciens combattants du Puy-de-Dôme, nous avions retrouvé, en 2002, la ferme où Ernest Nives travaillait avant d’être arrêté, avec sa mère, à Lespardellière de Saint-Etienne-des-Champs, le même jour que d’autres Juifs autrichiens réfugiés à Herment (Puy-de-Dôme).
Nous avions retrouvé la trace d’Ernest Nives, à New York. Il a traversé l’Atlantique pour assister à la cérémonie inaugurale de la stèle à la mémoire des Juifs déportés à Herment et dans le secteur, début janvier 2003. Son exposition a été présentée au CRDP de Clermont-Ferrand et, assisté de Françoise Fernandez, historienne, Ernest Nives a donné une conférence particulièrement émouvante, au CRDP.
Alors qu’Agnès Varda préparait la scénographie et les courts métrages pour la cérémonie en l’honneur des Justes de France, au Panthéon, elle nous appelle pour nous demander la couleur des uniformes de la Milice française. Une fois la réponse obtenue, elle nous invite à passer à son cher Ciné-Tamaris-maison d’habitation-salle de montage.
Son dernier film sorti alors était Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), suivi de Deux ans après (2002), où elle observait ces personnes « invisibles » qui survivent dans les villes et dans les champs. Avant que ce problème de société et de survie dans la difficulté ne claque au grand jour, elle a su en parler et témoigner concrètement, avec sensibilité et curiosité .
Invité par la présidence de la République et par le Comité français pour Yad Vashem à assister à la cérémonie pour les Justes de France, le 18 janvier 2007, au Panthéon, nous avons recroisé Agnès Varda. En dessous de la coupole, elle avait disposé une scène sphérique ornée de portraits de Justes parmi les Nations. Durant la cérémonie sont projetés deux films dont elle contera les enjeux lors d’une interview réalisée par Antoine de Baecque, en avril 2007 :
« Parvenir à faire ressentir l’histoire et la persécution des Juifs en dix minutes, synthèse nécessaire pour que les gens restent voir les films et soient touchés. Les gestes de l’ignominie: le tampon, l’étoile jaune, l’arrestation. Et puis la vie à la campagne, c’est le parti que j’avais choisi, le comportement des paysans, leur générosité quotidienne, les risques pris, tout cela pour des enfants qu’il fallait nourrir et cacher. Je voulais raconter cette histoire avec un certain naturel, en faisant sentir les enfances, leur solitude, la peur omniprésente, mais aussi la découverte de la campagne. »
Lorsque les Justes ont agi pour sauver des Juifs, parce que ce sont des enfants, des femmes et des hommes, pourchassés, persécutés, traqués, aucune médaille, aucune récompense ne leur était promise. On ne leur garantissait pas une gloire, même de Résistance civile. Ils ont agi en toute humanité, en quasi clandestinité, faisant honneur à l’humanité toute entière. Mais, ce jour-là, au Panthéon, Agnès Varda mettait en scène leur ensemble de sauvetage au niveau national, après les honneurs rendus par les cérémonies locales organisées par le Comité français pour Yad Vashem, par la remise de la médaille des Justes parmi les Nations, plus grande décoration décernée au nom de l’Etat d’Israël.
Manuel Rispal.
© Texte et photomontage Manuel Rispal, d'après ses photos du 18 janvier 2007. Mise en ligne le  2 avril 2019.