La Farandole des Mots-Interview exclusive


➽ 23 juillet 2017

Isabelle et Marie-Christine 

cultivatrices de culture à Saugues

(Haute-Loire - Auvergne-Rhône-Alpes - France - Europe)




Isabelle Allès et Marie-Christine Palheire tiennent la librairie La Farandole des Mots, 2, rue Saint-Louis à Saugues (Haute-Loire). Leur action en faveur de la lecture et de la culture en pays sauguain connaît un pic, chaque année, lors de la fête de la Madeleine, avec la tenue d’un salon du livre. Elles en sont les chevilles ouvrières, épaulées par la municipalité, les services techniques de la ville et des associations de Saugues.


Isabelle Allès et Marie-Christine Palheire conseillent les éventuels acheteurs de livres, sur leur stand au salon du livre de Saugues. © Manuel Rispal.

Votre librairie est un point-presse. Comme Saugues est situé en limite de départements et de régions [pour un titre de journal, quand le point-presse est situé en limite de la zone de diffusion, on appelle cela une marge], que constatez-vous ?
Isabelle. Ici, tous les titres se vendent, aussi bien L’Eveil de Haute-Loire, que La Montagne, que La Tribune, que La Ruche, que La Lozère nouvelle. Nous sommes à une charnière.
La librairie propose quels types d’ouvrages ?
Isabelle. – Des albums avec des photos, des romans (nationaux ou de terroir), nous répondons aux demandes de commandes. Nous avons un rayon enfants, qui va des tout-petits aux ados, avec les BD et les livres de poche…
Quel type de clientèle avez-vous ?
Isabelle. – Vraiment un peu de tout.  A partir d’un certain âge, les enfants choisissent eux-mêmes.  Tout dépend de l’éducation qu’ils ont reçue.  On assiste toutefois à un recul de la priorité donnée à la lecture par rapport à d’autres tentations ou sollicitations.
Comment s’organise la venue des auteurs lors de la foire du livre de Saugues ?
Isabelle. La mairie a une liste d’auteurs de Saugues et du canton. Nous proposons de faire venir des auteurs qui ont des nouveautés. Un tiers des auteurs passe par nous.
La mairie de Saugues s’appuie sur votre expérience et votre compétence ?
Isabelle. Davantage qu’auparavant.
En plus du salon organisez-vous des séances de dédicaces à la librairie ?
Isabelle. Oui, à Noël, Pâques, avant la fête des Mères, et durant l’été. C’est la période que préfèrent les auteurs. Comme beaucoup de librairies, nous manquons de place et, le plus souvent, à cette période, les auteurs présentent leurs livres devant la librairie. L’été est plus propice, également en raison de la fréquentation touristique. Toutefois, l’impact des ventes en dédicaces a baissé, au cours des dernières années.
Voyez-vous des ados venir fureter dans les livres de la librairie ?
Isabelle. C’est rare. Ils sont tellement dans les réseaux sociaux (par Internet). Je pense que pour certains, cela ne leur vient même pas à l’idée qu’il existe des magasins pour vendre des livres. Quand un jeune vient voir si nous avons un livre, il dit parfois, si nous ne l’avons pas : «  Non, ce n’est pas la peine. »
      Mais nous pouvons vous le commander.
      Ah bon ?
Alors que c’est une des bases du service rendu au client par le libraire. Ils ont tellement grandi devant les écrans que tout passe par là, pour la majorité d’entre eux.
Comment voyez-vous votre avenir comme libraires à Saugues ?
Marie-Christine. Les dix premières années ont été difficiles, car nous avions les emprunts à rembourser. A présent, en raison de la concurrence des commandes par Internet mais aussi du démarcharge des écoles par des sociétés dotées de service commercial et qui consentent des remises, l’avenir de nos dix prochaines années paraît incertain. Nous avons des clients parmi les écoles, mais nous n’avons pas le temps de les démarcher systématiquement, ni les moyens de consentir des remises au point que nos marges seraient critiques.
Pour un salon du livre comme celui organisé pour les fêtes de la Madeleine, qui prend en charge l’installation du chapiteau ?
Marie-Christine. C’est la mairie de Saugues. Sur nos indications, elle envoie également les invitations aux auteurs, éditeurs et exposants culturels. Pour notre part, nous assurons l’accueil les auteurs, le jour J.
Et les repas ?
Marie-Christine. La mairie les prend en charge. Une association assure la prestation [cette année, le panier-repas a été particulièrement apprécié]. Nous avons plaidé auprès de la municipalité du fait que la prise en charge des repas par la municipalité permettait l’encouragement à avoir un plateau conséquent d’auteurs et de créateurs, ce qui favorise la culture à Saugues.
© Propos recueillis par Manuel Rispal, le 23 juillet 2017. Mis en ligne le 16 août 2017.